Réglage de la capacité
Les
compresseurs à piston sont des machines volumiques. Le volume de gaz
aspiré lors de chaque cycle est défini par sa géométrie et sa vitesse
de rotation. Il est constant si la pression au refoulement est constante.
Si
la capacité de la machine
n'est pas en accord avec le débit fourni par le procédé amont, des
variations de pression
très importantes pourront être observées. Si la capacité de la machine
est trop grande, la pression à l'aspiration baissera. Inversement si la
capacité de la machine est trop faible.
Par
exemple, si le procédé amont ne fourni que la moitié de la capacité du
compresseur, la pression à l'aspiration baissera et se stabilisera à la
moitié de la pression absolue initiale. Un compresseur à piston est
capable de générer des vides importants, potentiellement dangereux pour
les équipements (s'ils ne résistent pas au vide) ou si une entrée d'air
dans le procédé est redoutée.
Si le procédé aval ne peut absorber
le débit délivré par le compresseur, la pression de refoulement
augmentera. Le taux de compression augmentant, l'efficacité volumique
se dégradera et la capacité du compresseur diminuera. Le taux de
compression auquel se stabilisera la machine dépend de l'importance de
la perturbation du procédé aval.
A titre d'exemple
considérons un compresseur dimensionné pour un taux de compression de 2
avec un volume mort de 15%. Le rendement volumique est de 90%. Si le
débit acceptable par le procédé aval devient 50% du débit de
dimensionnement, le débit de gaz excédentaire provoquera une
augmentation de pression au refoulement. Le taux de compression
augmentant, le rendement volumique diminue. La capacité du compresseur
se trouvera réduite de 50% lorsque le rendement volumique deviendra
90*0,5= 45%. Cela se produira lorsque le taux de compression atteindra
la valeur de 7,5 soit une pression au refoulement 3 à 4 fois la valeur
normale. Peu de procédés sont capable d'accepter une telle augmentation
de pression. Cette auto régulation de la pression de refoulement,
acceptable pour un compresseur centrifuge ne l'est généralement pas
pour un compresseur à piston.
Ajuster
la capacité d'un compresseur alternatif à piston, c'est ajuster le
débit volumique d'aspiration (m3/h) de manière à le maintenir constant
ou l'adapter au besoin du procédé.
L'ajustement de la capacité peut être fait par différents moyens:
- étranglement du flux à l'aspiration
- faire varier le volume mort sur un ou plusieurs cylindres
- bloquer ouvert les clapets d'aspiration de certains cylindres
- faire varier la vitesse de rotation du compresseur
- arrêter ou redémarrer le compresseur
- recycler vers l'aspiration une partie du gaz comprimé
Etranglement à l'aspiration
Fermer
partiellement une vanne disposée sur l'aspiration du compresseur
provoque une perte de charge qui abaisse la pression du gaz aspiré par
le compresseur. Le rendement volumique du compresseur s'en trouve
réduit, ainsi que la masse volumique du gaz aspiré.
Si la pression
de refoulement est maintenue, le taux de compression est augmenté ainsi
que la température de refoulement. En procédant ainsi, veiller à ne pas
dépasser les charges maximum asmissibles par l'embiellage, ainsi que
les températures maximum admissibles au refoulement. Celles-ci sont
souvent limitées à 160°C par les constructeurs.
Quand cette méthode
de régulation de la capacité est employée, la puissance absorbée par le
compresseur tend généralement à augmenter si le taux de compression
inférieurs à 2, tandis qu'elle tend à diminuer seulement si le taux de
compression est supérieur à 2,5. Compte tenu des contraintes générées
sur la machine et du faible gain énergétique escompté, certains
constructeurs de compresseurs alternatifs à piston déconseillent cette
méthode de réglage.
D'autre part l'abaissement de la pression
d'aspiration génère le risque d'une entrée d'air extérieur si la
pression devient inférieure à la pression atmosphérique, scénario
potentiellement dangereux si le gaz véhiculé est inflammable.
Recyclage du gaz vers l'aspiration
Le
débit de gaz véhiculé par le compresseur en excès par rapport à ce que
le procédé peut accepter, est détendu au travers d'une vanne et
retourné vers l'aspiration. Le débit recyclé peut aller de 0% à 100% de
la capacité du compresseur, à la condition toutefois d'être capable de
refroidir le gaz. En effet, dans ce cas l'énergie de compression est
intégralement maintenue et si le gaz chaud du refoulement est recyclé
vers l'aspiration, les températures, à l'aspration comme au
refoulement, ne cesseront d'augmenter.
Cette méthode est la plus
simple mais aussi la moins énergétiquement efficace, puisque le gaz
recyclé est comprimé en pure perte.
Elle est toutefois utile pour
ajuster finement le débit qui doit être transféré depuis le procédé
amont vers le procédé aval, en complément d'autres méthodes procédant
par palliers.
Bloquage des clapets d'aspiration
Lorsque
le piston commence sa course vers la tête du cylindre, les clapets
d'aspiration se ferment naturellement sous l'effet du courant gazeux
inverse et restent fermé sous l'effet de la différence de pression. En
plaçant un dispositif les maintenant ouverts, la course du piston
refoulera le gaz vers le circuit d'aspiration, annulant ainsi l'action
du cylindre.
Cette méthode permet un réglage par paliers qui dépendent de la configuration du compresseur:
- mono cylindre et simple effet; paliers à 0 ou 100% de capacité seulement
- mono cylindre double effet; paliers à 0, 50, 100%
- deux cylindres double effet; paliers à 0, 25, 50, 75, 100%
- ...
Table de réglage de la capacité | Cylindre I | Cylindre II |
---|
| tête | arbre | tête | arbre |
---|
100% | | | | |
75% | x | | | |
50% | x | | x | |
25% | x | x | x | |
0% | x | x | x | x |
x: clapets d'aspiration forcés ouvert x: fonctionnement limité |
Malgré
l'absence de débit gazeux lorsqu'un les clapets d'un cylindre sont
bloqués, une dépense énergétique subsiste employée à véhiculer le gaz
entre l'intérieur et l'extérieur de la chambre du cylindre. L'énergie
ainsi consommée, même faible, provoque un échauffement du gaz, d'autant
plus préoccupant qu'il n'est pas renouvelé. C'est pourquoi les
constructeurs recommandent de limiter la durée de fonctionnement au
palier 0%.
Certains constructeurs proposent de ne bloquer les
clapets d'aspiration que sur une fraction du trajet du piston,
autrement dit de seulement retarder la fermeture des clapets au lieu de
les bloquer de façon permanente. Cette méthode, plus complexe à mettre
en oeuvre, permet ainsi d'obtenir une variation quasi continue de la
capacité du compresseur.
Variation du volume mort
Lorsque
le piston a achevé sa course vers la tête du cylindre, il n'a pas
chassé la totalité du gaz emprisonné. Un espace subsiste généralement
entre le piston et la tête du cylindre, et les clapets présents
occupent également un certain volume. C'est le volume mort du cylindre.
Lorsque le piston reprendra sa course en sens inverse, le gaz
emprisonné dans le volume mort se détendra d'abord avant que les
clapets d'aspiration ne puissent admettre du gaz frais. Le volume mort
affecte l'efficacité volumique du cylindre. Plus il sera important,
plus la capacité volumique du cylindre sera faible. Les constructeurs
peuvent proposer des volumes morts additionnels, chambres connectée au
cylindre et obturées par un clapet commandé, pour être mis en service à
la demande. Sur des cylindres fonctionnant à double effet, seul le coté
tête peut être équipé de volume mort additionnel.
L'augmentation du
volume mort ne dégrade pas le rendement énergétique du compresseur. En
effet, à chaque cycle, le volume de gaz comprimé mais non éjecté du
cylindre restituera son énergie au compresseur en repoussant le piston.
Il n'aura donc pas été comprimé inutilement.
L'utilisation
d'une chambre de volume mort additionnel pour ajuster le débit du
compresseur vient souvent en complément de l'action sur les clapets, et permet un plus grand nombres de palliers de capacité. La
table de réglage ressemblera à:
Table de réglage de la capacité | Cylindre I | Cylindre II |
---|
| tête | arbre | V.M. | tête | arbre | V.M. |
---|
100% | | | | | | |
90% | | | x | | | |
80% | | | x | | | x |
75% |
| x | | | | |
65% | | x | x | | | |
55% | | x | x | | | x |
50% |
| x | |
| x | |
40% | | x | x | | x | |
30% | | x | x | | x | x |
25% | x | x | | x | | |
0% | x | x | | x | x | |
x: clapets d'aspiration forcés ouvert ou chambre de volume mort en service x: fonctionnement limité |
Variation de vitesse du compresseur
Tant
que le profil des pressions est inchangé, le volume aspiré à chaque
cycle de la machine est constant. Le débit volumique aspiré par le
compresseur est donc proportionnel à la vitesse de rotation de la
machine. Ajuster la vitesse permet d'ajuster la capacité du compresseur.
Les
compresseurs alternatifs à pistons sont souvent choisis pour des taux
de compression élevés ou des gaz légers et donc très volumineux. Les
puissances sont importantes et les couples élevés. L'utilisation de
variateurs électroniques de fréquence pour faire
varier la vitesse de rotation d'un moteur électrique est rare.
Prévention des vibrations
Le
fonctionnement discontinu et alternatif de ce type de compresseur
génère des ondes de pression dans l'ensemble des tuyauteries et
capacités autour de la machine. Si la fréquence de ces pulsations de
pression correspond à des fréquences propres de certaines tuyauteries,
celles-ci entreront en résonance comme un tuyau d'orgue. Des vibrations
d'amplitude croissante apparaîtront conduisant à de graves dommages
pour l'installation (ruptures par fatigue, perte de confinement, ...).
Pour
éviter cela, une étude pulsatoire doit être menée. Elle doit être faite
sur l'installation précisément définie (isométriques de tuyauterie,
volume des capacités, échangeurs, ...). Elle doit couvrir tous les cas
de fonctionnement de la machine (vitesse de rotation, paliers de
capacité, composition du gaz, ...). Si des situations critiques sont
détectée, des modifications devront être apportées sous forme par
exemple d'orifices à ajouter pour modifier les fréquences propres des
circuits.
Prévention des entraînements de liquide
L'entraînement
de liquide est probablement avec les vibrations et la perte de
confinement, l'une des sources de danger majeures liées à
l'exploitation d'un compresseur à piston. La présence de liquide, qui
n'est par nature pas compressible, dans la chambre de compression peut
conduire à la destruction du cylindre.
Si des condensations sont possibles en amont, les précautions suivantes doivent être prises:
-
un ballon de séparation équipé d'un matelas dévésiculeur, avec une
surveillance de niveau liquide et un dispositif de purge, doit être
installé sur le circuit amont
- la ligne entre le ballon
séparateur et l'aspiration du compresseur ainsi que la bouteille
anti-pulsatoire d'aspiration doivent être tracés pour maintenir
la température du gaz
- la température du liquide de
refroidissement des cylindres doit être au moins 5°C supérieure à la
température du gaz à l'aspiration
- préférer un compresseur à
pistons horizontaux avec aspiration par le haut et refoulement en bas
pour éviter l'accumulation de liquide dans la machine
Prévention des surpressions
Contrairement
à un compresseur centrifuge dont la pression de refoulement maximale
n'est que peu supérieure à la valeur nominale (de l'ordre de 120% de la
valeur nominale), un compresseur alternatif à piston est capable de
doubler ou tripler la pression nominale de refoulement. S'il n'est pas
d'usage de dimensionner les équipements aval pour de telles pressions,
il est nécessaire de prévoir les organes limiteurs adéquats.
Un
autre risque commun à tout types de compresseurs, est de voir les
équipements à l'aspiration ou aux étages à basses pressions exposés à
une pression excessive résultant de l'équilibrage des pressions entre
les étages suite à un arrêt de la machine. En effet dans ce cas, par le
circuit de recyclage, le gaz contenu dans les étages à haute pression
viendra gonfler les étages basses pressions. La pression de calcul des
équipements ne doit donc pas se contenter de satisfaire la pression
maximale de fonctionnement mais aussi être adaptée à la pression
d'équilibre résultant d'un arrêt de la machine.
Schéma de procédé
Dans
l'exemple présenté ici, le gaz traité est susceptible de condenser
partiellement. Pour éviter tout entrainement de liquide vers les
cylindres du compresseur, des ballons séparateurs équipés de matelas
dévésiculeurs sont disposés sur l'aspiration. De plus les tuyauteries
de liaison entre les ballons et les cylindres sont tracés afin de les
maintenir au dela du point de rosée du gaz. Enfin les ballons
anti-pulsatoires amont et aval de chaque cylindre sont équipés pour
être purgés du liquide accumulé.
Les circuits amont et aval de
chaque cylindre sont protégés contre les surpressions par des soupapes
de sécurité. Les valeurs de réglages des soupapes, comme les pressions
de calcul des équipements sont au moins égales à la pression
d'équilibrage. Celle-ci est calculée en supposant que le compresseur
est isolé alors qu'il est en fonctionnement et que le gaz des zones à
haute pression migre vers les zones à basse pression jusqu'à
l'équilibrage.
Le gaz est refroidi en sortie de chaque étage, pour
minimiser la consommation énergétique du compresseur, et pour limiter
la température du gaz recyclé.
Le retour inverse du gaz depuis le
procédé aval vers le procédé amont est empêché par des clapets
anti-retour en amont et en aval.
Exemple de PCF d'un compresseur alternatif à deux étages
PC: Régulation de pression
PSL: Seuil de pression basse
PDSH: Seuil de différence de pression basse
LSH: Seuil de niveau haut
TSH: Seuil de température haute
Schéma de régulation
Dans l'exemple de schéma de
régulation présenté ici, la capacité du compresseur est ajustée en
permanence pour réguler et maintenir constante la pression d'aspiration
du compresseur. Le régulateur de pression (PC) agit sur la vanne de
recyclage du gaz depuis le refoulement. Dans l'hypothèse ou ce
recyclage serait insuffisant, un seuil de pression basse (PSL) arrête
le compresseur pour interdire une pression excessivement basse ou une
mise sous vide du procédé amont.
Un taux de compression excessif sur
l'un ou l'autre des étages pourrait conduire à dépasser les contraintes
admissibles par l'entrainement du piston. Pour éviter cela, un seuil de
pression différentielle trop élevée (PDSH) stoppe le compresseur.
Pour
éviter une température trop élevé du gaz au refoulement de l'un ou
l'autre des étages, qui pourrait dégrader excessivement les
étanchéités, un seuil de température haute (TSH) stoppe le compresseur.
Pour
éviter un entrainement de liquide vers l'un ou l'autre des cylindres,
un seuil de niveau haut (LSH) sur les ballons situés à l'aspiration des
cylindres stoppe le compresseur.