On appelle “Oxydes d’azote” (NOx) l’ensemble de:
- NO monoxyde d’azote
- NO2
dioxyde d’azote
Le
monoxyde d'azote (NO), se forme à haute température. C'est le principal
des NOx (environ 90%) formés dans la flamme de combustion. Il est
instable et tend à s’oxyder à l'air libre pour donner NO
2.
C’est la raison pour laquelle on considère NO et NO
2
ensemble, et que l’on exprime leur teneur en équivalent NO
2.
On adjoint parfois à ces gaz, le protoxyde d’azote (N
2O)
dont la formation et les procédés de réduction sont différents de ceux
de NO et de NO
2.
Les NOX
sont
considérés comme ayant un impact important sur l’environnement :
- ils contribuent à la
formation des pluies acides préjudiciables aux écosystèmes; NO2
en se dissolvant dans l'eau forme de l'acide nitrique; il est
responsable (avec les SOx) des pluies acides qui ont ravagées
les
forêts germaniques dans les années 1980.
- ils
participent à la
pollution photochimique et à la formation d’ozone troposphérique; sous
l'action du rayonnement ultra-violet solaire, NO2
produit de l'ozone au niveau du sol, très irritant pour les muqueuses.
- ils favorisent les
affections pulmonaires.
- le N2O
est tellement stable qu'il
peut persister 100 ou 200 ans dans l'atmosphère basse et migrer vers la
haute atmosphère. Là, sous l'action du rayonnement ultraviolet, il
contribue à la décomposition de la couche d'ozone stratosphérique.
Objectifs de limites d'émissions des oxydes d'azote (NOx) selon la
directive européenne 2015/2193 (directive MCP)
Type d'équipement et
puissance thermique Pth |
Combustible |
Valeurs limites d'émission de NOX
(mg/Nm3) |
Chaudières
1MW < Pth < 50MW |
Gaz naturel |
100 à 3% d'oxygène |
Combustibles gazeux
(autres que G.N.) |
200 à 3% d'oxygène |
Gas Oil |
200 à 3% d'oxygène |
Combustibles liquides
(autres que G.O.) |
300 à 3% d'oxygène |
Biomasse solides |
300 à 6% d'oxygène |
Autres combustibles solides |
300 à 6% d'oxygène |
Turbines à gaz |
Gaz naturel |
50 à 15% d'oxygène |
Combustibles gazeux
(autres que G.N.) |
75 à 15% d'oxygène |
Gas Oil |
75 à 15% d'oxygène |
Combustibles liquides
(autres que G.O.) |
75 à 15% d'oxygène |
Mécanisme de formation
Les composés azotés du combustible
Comme
pour le soufre, une partie des oxydes d'azote formés lors de la
combustion proviennent de l'oxydation des composés azotés du
combustible (azote combiné).
1 g d'azote dans le combustible, pourra produire 46/14 g d'équivalent NO
2
La conversion de l'azote combiné, en NOx dépend de nombreux facteurs et
en particulier:
- de la concentration en azote du combustible
- de la proportion d'air localement dans la flamme
La
conversion sera totale pour de faibles teneurs (<0,2% dans le
combustible) et plus faible pour de fortes teneurs (<50% de
conversion pour >1% dans le combustible).
Elle est peu affectée par la température de flamme.
Les
brûleurs dits "Low NOx" convertissent beaucoup moins (4 fois moins
environ) l'azote combiné en NOx que les brûleurs classiques.
L'azote combiné est surtout présent dans les combustibles
liquides et solides. Il est quasiment absent du gaz naturel:
- <0,05% dans le Gas Oil et Fuel domestique
- 0,5 à 1% dans le fuel lourd
- 0,1 à 2% dans le charbon
L'azote de l'air
La
majeure partie des oxydes d’azote se forment par oxydation de l'azote
de l'air au cours de la combustion. On trouvera donc des oxydes d’azote
dans les gaz et fumées provenant de tous les procédés faisant appel à
ce type de réaction rapide et à haute température (fours, chaudières,
moteurs thermiques).
L'oxydation de l'azote de l'air est favorisé par:
- la proportion d'oxygène dans la flamme
- la température élevée de la flamme
La
quantité d’oxydes d’azote générée lors d’une combustion est fonction
des conditions dans lesquelles s’effectue la combustion. Les principaux
paramètres sont:
- l'excès d'air
- la température de préchauffage de l'air de combustion
- la température de la chambre de combustion
Pour les grandes installations de combustion, des facteurs
d’émission standard peuvent servir de référence.
Facteurs d'émission des oxydes d'azote (exprimés en g équivalent NO
2/GJ
de PCI) pour les grandes installations de combustion [Doc. Ministère de
l'Environnement]
Combustible |
Puissance
thermique |
|
<50MW(th) |
50 à 100 MW(th) |
100 à 300 MW(th) |
> 300 MW(th) |
Fioul lourd |
170 |
190 |
180 |
180 |
Fioul domestique |
100 |
non applicable |
non applicable |
non applicable |
Gaz naturel |
60 |
60 |
75 |
non applicable |
Moyens de réduction des émissions de NOx
Choix du combustible
La nature du combustible influence la production de NOx dans la flamme
par deux aspects:
- la teneur en azote combiné
- la température de la flamme
Teneur en azote combiné
L'azote combiné est surtout présent dans les combustibles
liquides et solides. Il est quasiment absent du gaz naturel:
- <0,05% dans le Gas Oil et Fuel domestique
- 0,5 à 1% dans le fuel lourd
- 0,1 à 2% dans le charbon
Plus la teneur en azote combiné dans le combustible sera faible, plus
faible sera la production de NOx par cette voie.
Température de flamme
La
combustion est une réaction exothermique d'oxydation. Dans la flamme,
on peut considérer que cette réaction se produit sans échange de
chaleur avec l'extérieur. La température atteinte (température
adiabatique) dépend, entre autres choses, de la composition chimique du
combustible, et en particulier du rapport C/H.
Un combustible générant une température de flamme élevée
produira plus de NOx.
Température adiabatique de flamme pour différentes
molécules:
Combustible |
Température de flamme
[°C] |
Méthane, Gaz naturel (CH4) |
1834 |
Ethane (C2H6) |
1855 |
Propane (C3H8) |
1858 |
Butane (C4H10) |
1858 |
Butène (C4H8) |
1903 |
Propylène (C3H6) |
1916 |
Ethylène (C2H4) |
1952 |
Hydrogène (H2) |
2011 |
Conditions opératoires
Les techniques de réduction dites “primaires” consistent à limiter la
formation des NOx lors de la combustion.
On s'efforcera donc de diminuer :
- les températures maximales du milieu réactionnel,
- localement, la présence d'oxygène en excès.
Excès d’air
Un faible excès d’air contribue à réduire les émissions de NOx tout en
augmentant le rendement thermique.
La limite de cette méthode est la production excessive d’autres
polluants (CO et imbrûlés) quand l’excès d’air est trop bas.
Étagement de l’air de combustion
Deux zones de combustion sont crées:
- une
première zone dans laquelle l’intégralité du combustible est mélangée
avec une partie seulement de l’air nécessaire, entraînant une
combustion partielle, défavorable pour la formation des NOx.
- une
deuxième zone dans laquelle la combustion est complétée avec un
important excès d’air. La température de cette zone est plus basse, ce
qui limite la formation complémentaire de NOx.
Combustion étagée par action sur le combustible
En
retardant l'injection d'une partie du combustible dans la flamme, on
crée dans la flamme, une zone pauvre en combustible, dans laquelle la
température est basse, suivie d'une zone à plus haute température dans
laquelle se fait l'injection du combustible complémentaire, mais qui
comporte très peu d'oxygène en excès.
Recirculation des fumées (FGR)
FGR
pour Flue Gas Recirculation. La recirculation des produits de la
combustion est une technique pour abaisser la température de la flamme.
Elle consiste à prélever de la cheminée une partie des fumées de la
combustion et de la mélanger à l'air de combustion. Ceci a pour effet
de réduire la concentration d’oxygène et d'augmenter celle des inertes
(N
2 et CO
2), qui
absorberont une partie de la chaleur développée pendant la combustion.
La température de la flamme s'en trouvera réduite.
Associée à un brûleur standard, la recirculation de 15% des
fumées produites permet de réduire de 70% la production de NOx. Le
bénéfice est bien sûr moindre lorsquelle est associée à un brûleur "bas
NOx".
Les brûleurs "bas-NOx"
La formation d'oxydes d'azote à partir de l'air de combustion
est favorisée par:
- une température de flamme élevée
- un excès d'air important
La formation des oxydes d'azotes peut principalement être
réduite sur des installations existantes par la réduction de la
température de flamme en recirculant une partie des gaz de combustion à
la base de la
flamme
Les techniques d’abattement secondaires
Si
l'action sur le mode de combustion ou les conditions opératoires est
insuffisante, les NOX formés peuvent être détruits après leur formation
et avant d'être rejetés à l'atmosphère. Ces techniques d’abattement
sont dites “secondaires”. Elles peuvent être mises en œuvre
indépendamment ou en combinaison avec des techniques de réduction
primaires.
Les techniques de réduction à l'aval relèvent de deux grandes
catégories :
- la réduction sélective non catalytique (SNCR pour Selective
Non Catalytic Reduction)
- la réduction sélective catalytique (SCR pour Selective
Catalytic Reduction).
La réduction sélective catalytique (SCR)
La
technique de réduction sélective catalytique (SCR) est considérée comme
une des plus efficaces pour les applications dont les émissions de NOX
doivent être réduites de 50 à plus de 90 %. C’est actuellement la
technique la plus utilisée pour contrôler les émissions de NOX des
centrales thermiques.
Le procédé SCR consiste à utiliser un
réducteur approprié pour réduire les NOX en atmosphère oxydante et en
présence d’un catalyseur.
L’agent réducteur le plus couramment
utilisé est l’ammoniac. Il est injecté dans les fumées en amont du
réacteur SCR qui est garni de une à plusieurs couches de catalyseur.
Les réactions de conversion des NOX ont lieu à la surface du
catalyseur, à des températures comprises entre 320°C et 420°C.
La réduction sélective non catalytique (SNCR)
Le
procédé consiste à vaporiser dans le foyer d'une chaudière une solution
réactive destinée à provoquer la réduction des oxydes d'azote formés
par la combustion. Le choix de la zone dans laquelle est introduite la
solution à vaporiser revêt la plus grande importance car c'est dans une
fourchette de température de 850 à 1 150°C que la réduction des oxydes
d'azote doit s'effectuer.
Les systèmes hybrides SCR SNCR
De
nombreuses applications ne sont pas adaptées pour la mise en œuvre de
la SCR ou la SNCR seule. La SCR seule peut se révéler trop onéreuse et
prendre trop de place au sein d'un processus existant. Une SNCR avec
modification des brûleurs peut ne pas atteindre les niveaux exigés de
réduction. Une technologie hybride SCR/SNCR peut diminuer les frais
financiers tout en permettant d'atteindre des taux de réduction de NOX
plus élevés.
Dans un système hybride, le réactif (ammoniac ou
urée) est injecté comme dans une SNCR. Dans le cas d'une chaudière de
grande capacité, les injecteurs de parois et les lances sont situés
dans la partie supérieure du foyer et dans les zones convectives de la
chaudière. Pour l'urée, la gamme de température se situe
approximativement entre 980 et 1150°C. Pour l'ammoniac, cette fenêtre
est légèrement inférieure, entre 870 et 980°C. Ceci permet de réaliser
une première réduction des NOX, qui peut atteindre 50 % d'abattement.
Une injection d'ammoniac est ensuite effectuée au niveau du catalyseur
SCR du système hybride.
Destruction par recombustion (Reburning)
Le
reburning, ou recombustion, se situe à mi-chemin entre les techniques
primaires et secondaires de réduction des NOX. On traite effectivement
les fumées issues du foyer, mais le procédé s'apparente davantage à une
technique primaire d'étagement de la combustion, avec recirculation
éventuelle des fumées. Le rendement de NOX obtenu se situe
habituellement entre 40 et 70 %.
Le principe a été découvert
dans les années 70 et a commencé à être appliqué à des centrales
électriques au Japon au cours des années 80. Ce sont ensuite les
Américains qui ont développé le procédé et l'ont utilisé sur des
centrales thermiques au charbon afin de répondre aux exigences du Clean
Air Act. En France, GDF et l'IFP conduisent des études et
expérimentations sur le sujet et les applications potentielles
concernent les grosses chaudières industrielles, les fours verriers et
les UIOM.
Le principe est de réduire le NO à l’aide d’hydrocarbures, en milieu
légèrement oxydant.