L'électrolyse est un moyen de réaliser une réaction qui ne se
produirait pas spontanément dans de telles conditions de température et
pression; ainsi la dissociation de l'eau H
2O → H
2
+ ½O
2 ne peut avoir lieu spontanément qu'à une
température supérieure à 1000°C alors qu'elle est possible à
température proche de l'ambiante par électrolyse.
Le phénomène d'électrolyse a été découvert en 1800
par William Nicholson and Anthony
Carlisle qui, en voulant reproduire l'expérience d'Alessandro Volta
mettant en évidence le phénomène de pile, produisirent accidentellement
un dégagement de d'hydrogène et d'oxygène.
Dès les années 1890, l'électrolyse de l'eau était utilisée pour
produire l'hydrogène nécessaire à l'industrie chimique.
Intensité
du courant d'électrolyse
L'intensité du courant est proportionnelle au nombre
d'électrons
échangés pendant l'unité de temps; elle est représentative de la
vitesse de réaction se produisant aux électrodes. Elle ne dépend pas de
la technologie utilisée. Par contre l'énergie consommée (P = U×I)
dépendant de la tension de travail, varie avec la technologie.
Elle
est d'environ 100000 A pour une production de 1g/s d'hydrogène soit une
consommation électrique d'environ 5kWh pour produire 1 Nm³ d'hydrogène.
Tension
d'électrolyse
La
tension électrique entre les deux électrodes doit avoir une valeur
minimum qui correspond à la différence de leur potentiels d'équilibre.
Pour l'électrolyse de l'eau, cette tension minimum est de 1,23v à 25°C.
Pour cette tension, la vitesse d'électrolyse est quasi nulle. La
tension doit être supérieure à cette valeur pour obtenir un courant
d'électrolyse appréciable. La surtension est nécessaire pour vaincre:
- la résistance électrique de l'électrolyte
- la résistance électrique du diaphragme (s'il y en a un)
- la couche de diffusion à l'approche des électrodes
- la surtension aux électrodes
- ...
Cette
surtension dépend de la technologie mise en oeuvre, et de la
productivité souhaitée.
La
réaction de dissociation de l'eau est endothermique, c'est-à-dire
quelle absorbe de la chaleur. Pour maintenir une température constante
de l'électrolyte, il sera nécessaire d'apporter cette chaleur à
l'électrolyte. La surtension d'électrolyse permet d'apporter cette
chaleur par effet Joule. La tension minimum pour maintenir constante la
température de l'électrolyte au cours de l'électrolyse est nommée "tension thermoneutre".
Pour l'électrolyse de l'eau elle est de 1,48v. Si la surtension est
supérieure, l'électrolyte tendra à s'échauffer; il sera alors
nécessaire de le refroidir pour maintenir sa température.
En
exploitation, la tension effective sera 1,7 à 2,5v par cellule.
Plusieurs cellules pourront être branchées en série (montage bipolaire)
afin de pouvoir utiliser une tension d'alimentation de 100v environ.
Rendement
énergétique
C'est généralement la rapport de l'énergie théorique pour
dissocier l'eau sur la consommation électrique effective.
L'énergie théorique de dissociation est la chaleur de réaction: 286
kJ/mol soit 3,18 kWh/Nm³.
Si la consommation effective est de 5kWh/Nm³, le rendement énergétique
sera de:
3,18 / 5 = 63,5%
Le
rendement énergétique peut aussi être déduit de la tension effective
appliquée; on néglige alors les consommations énergétiques autres que
celles de l'électrolyse elle-même. Si la tension théorique est celle
qui permet d'apporter la totalité de la chaleur de réaction, elle sera
de 1,48v; si la tension appliquée est de 1,85v, le rendement
énergétique sera:
1,48 / 1,85 = 80%
Electrolyse
d'une solution alcaline
C'est
la technologie la plus ancienne et donc la plus éprouvée. Elle met en
oeuvre des équipements plus encombrants (électrolyseur de 20 m³ pour 1
MW) que les autres technologies. Son temps de démarrage est important,
ce qui peut être une contrainte si l'utilisation est intermittente. Son
efficacité a été démontrée sur des unités de plus de 100MW.
Electrolyseur
Les réactions:
- à l'anode: 2OH-
→ ½O2 + H2O
+ 2e-
- à la cathode: 2H2O
+ 2e- →
H2 + 2OH-
avec un transfert des ions OH
-
(dit "hydroxyles") du compartiment cathodique vers l'anode à travers un
diaphragme non sélectif.L'électrolyte est une solution basique.
Une
solution aqueuse de potasse (KOH) circule dans l'électrolyseur puis
transite par un séparateur de gaz à la sortie des cellules
d'électrolyse.
La concentration de potasse dépend de la température
de travail de l'électrolyseur; typiquement elle est de 25% pour une
température de 80°C.
L'électrolyte est refroidi avant d'être recyclé vers les cellules
d'électrolyse.
L'électrolyte recyclé peut entraîner des gaz dissous (oxygène et
hydrogène) qui peuvent souiller le gaz produit.
L'électrolyseur est généralement un empilement de cellules, à la
manière d'un filtre presse.
Chaque cellule est constituée de:
- deux chambres permettant la circulation de l'électrolyte
- deux plaques formant les électrodes, séparées par
- un diaphragme
Des "lumières" en partie haute permettent de collecter séparément les
fluides des compartiments anodiques et cathodiques.
Le
diaphragme, autrefois fait de fibres d'amiante, est maintenant
principalement réalisé
en polymère. Il doit être étanche aux gaz tout en permettant le
transfert d'ions, et être stable chimiquement, mécaniquement et
thermiquement.
Les électrolyseurs industriels sont constitués
de modules d'une capacité unitaire maximum de quelques MW. Les unités
de plus forte capacité sont constitués de multiples modules.
Certains
électrolyseurs sont conçus pour fonctionner sous pression (30 bars),
permettant dans certaines applications d'économiser une étape de
compression.
Lavage du gaz
Le gaz extrait du séparateur est lavé, pour en éliminer les traces
d'électrolyte entraîné.
Desoxygènation de l'hydrogène
L'hydrogène
extrait de l'électrolyseur peut contenir moins de 0,2% d'oxygène. Pour
des applications nécessitant une pureté plus élevée de l'hydrogène, on
peut le faire réagir avec l'oxygène présent en le faisant passer sur un
catalyseur approprié. La réaction suivante se produit:
H2
+ ½O2 → H2O
Séchage de l'hydrogène
L'eau
entraînée depuis l'électrolyseur ou produite lors de la desoxygènation
est éliminée si besoin. Une absorption dans un solvant régénérable peut
être utilisée.
Electrolyse
à membrane échangeuse de protons (PEM)
C'est
une technologie récente, qui peut fonctionner avec des densité de
courant deux à quatre fois supérieures à ce que permet la technologie
alcaline. Elle conduit à des installation plus compactes (électrolyseur
de 0,5 m³ pour 1 MW), avec un temps de démarrage plus cours,
particulièrement adapté à des utilisations intermittentes.
Electrolyseur
Les
réactions:
- à l'anode: H2O → ½O2
+ 2H+ + 2e-
- à la cathode: 2H+
+ 2e- → H2
avec un transfert des ions H
+
(dits "protons") du compartiment anodique vers la cathode à travers une
membrane sélective.L'électrolyte est une solution acide, qui n'alimente
que le compartiment anodique. Les électrodes doivent être protégées de
la corrosion.
L'électrolyseur est généralement un empilement de cellules, à la
manière d'un filtre presse.
Chaque cellule est constituée de:
- une chambre anodique permettant la circulation de
l'électrolyte et le dégagement de l'oxygène
- une chambre cathodique permettant le dégagement de
l'hydrogène
- deux plaques formant les électrodes, séparées par
- une membrane permettant le transfert des ions H+
(dits "protons")
Des "lumières" en partie haute permettent de collecter séparément les
fluides des compartiments anodiques et cathodiques.
Les électrodes séparées par une membrane échangeuse de protons sont
généralement empilées à la manière d'un filtre presse.
L'hydrogène
est produit à pression élevée (quelques dizaines de bars) à la cathode,
tandis que l'oxygène est générée à pression atmosphérique à l'anode.
Cette différence de pression associée à la membrane elle-même permet
d'éviter la migration de l'oxygène dans l'hydrogène produit.
L'hydrogène est séparé de l'électrolyte dans un séparateur de gaz.
Séchage
L'hydrogène est, si besoin, séché sur des adsorbants solides.
Electrolyse
sur Oxyde solide
C'est
une technologie nouvelle encore en développement. L'électrolyte est une
céramique, la température de travail de l'électrolyse est proche de
1000°C, et l'eau est injectée sous forme de vapeur.
Montage
bipolaire ou monopolaire
Les
électrolyseurs sont constitués de cellules empilées à la manière d'un
filtre presse. Chaque cellule comprend une anode, une cathode, un
diaphragme ou membrane de séparation des compartiments anodique et
cathodique, et des plaques de séparation de part et d'autre.
Le montage électrique peut être:
- monopolaire:
les cellules sont disposées en parallèle sur le circuit d'alimentation
électrique. Chaque électrode est individuellement reliée à son pôle
(chaque cathode relié au pôle négatif, et chaque anode reliée au pôle
positif) par une connexion externe
- bipolaire: les cellules sont
disposées en série et reliées entre elles par la plaque de séparation
des cellules. Chaque électrode est reliée au pôle opposé de la cellule
suivante par l'intermédiaire de la plaque de séparation; celle-ci est
donc reliée à une anode d'un coté et une cathode de l'autre; elle est
alors nommée plaque bipolaire.
Le montage bipolaire est
souvent préféré sur les électrolyseurs modernes, car en éliminant les
connexions externes, il réduit la résistance électrique occasionnée par
ces connexions. Cependant, les plaques bipolaires étant soumises d'un
coté à un milieu réducteur et de l'autre à un milieu oxydant, elles
doivent être faites de matériaux particuliers les protégeant de la
corrosion. Elles seront le plus souvent en acier nickelé.
Effet
de la température et la pression
Une
température élevée permet une diminution de la surtension
d'électrolyse, principalement par l'augmentation de la conductivité de
l'électrolyte, et en accélérant la formation d'oxygène à l'anode.
Cependant
l'augmentation de température augmente également la tension de vapeur
de l'eau qui est entraînée avec les gaz produits.
La pression a peu d'influence sur la surtension nécessaire à
l'électrolyse et donc sur son rendement énergétique.
Par contre une augmentation de pression diminue l'entraînement d'eau
sous forme de vapeur à température d'électrolyse élevée.
De
plus la production d'hydrogène à pression élevée en sortie
d'électrolyseur permet d'économiser une partie de la dépense d'énergie
nécessaire pour comprimer le gaz avant son stockage ou son utilisation.
Cependant,
une pression élevée du compartiment cathodique produisant l'hydrogène,
peut induire une diffusion d'hydrogène vers le compartiment anodique
produisant l'oxygène; une teneur de 4% d'hydrogène dans l'oxygène
suffit à rendre le mélange inflammable.