Un dessin vaut mieux
qu'un long discours aimait dire Napoléon Bonaparte.
Les
représentations schématiques sont des outils très efficaces pour le
transfert d'information entre les individus, et très naturels quand il
s'agit de représenter des installations physiques.
A chaque catégorie d'interlocuteur, à chaque étape d'un projet sa
représentation schématique.
Comme beaucoup de standards du génie chimique ou du génie des procédés,
l'Amérique du nord a bien avant l'Europe défini des appellations et des
contenus qui se sont ensuite imposés chez nous. Des tentatives de
substituer des appellations françaises aux termes anglo saxons ont eu
lieu. Les termes proposés sont parfois
ambigus et les professionnels préfèrent souvent utiliser les termes
anglo
saxons bien établis et bien définis.
Le schéma
blocs
Il
permet de décrire la répartition des fonctions entre différentes
unités,
leurs échanges physiques de matière ou de fluides, de décrire les
grandes lignes d'un bilan matière.
Ce type de schéma est utile dans
les premières phases d'un projet de développement, quand on cherche
seulement à définir des enjeux.
Le
Plan de Circulation des Fluides (PCF)
Aussi appelé
Schéma de
procédé en français ou
PFD pour Process Flow Diagram
en anglais.
Il est destiné à illustrer la description
du procédé.
Il représente:
- les équipement principaux,
- les conditions opératoires (température, pression, ...),
- les tuyauteries des fluides procédé principaux pour
permettre la compréhension du bilan matière,
- les boucles de régulation principales pour permettre de
comprendre le principe de conduite de l'installation.
Il comporte un bilan matière détaillé avec pour chaque flux procédé:
- température et pression
- débit et composition
Si
l'installation doit couvrir différents cas de fonctionnement, un PFD
avec les conditions de fonctionnement et le bilan matière correspondant
doit être établi pour chacun d'eux.
Le Plan
de Circulation des Fluides instrumenté
Aussi nommé en français
Schéma
TI pour Tuyauterie et Instrument ou P&ID pour
Piping and Instrument Diagram
en anglais.
Le
schéma P&ID est la représentation la plus complète d'une
installation. C'est le principal outil de communication dans de
nombreuses activités d'analyse, de développement, de construction ou de
maintenance. C'est en particulier le schéma de base pour toutes les
analyses de risque. Il est donc très important qu'il soit
rigoureusement fidèle à la réalité.
Lors d'un projet de
construction, il est réalisé avant la construction physique, et il est
important de vérifier que la réalisation correspond bien à ce qui était
indiqué sur le P&ID.
Tout au long de la vie de l'installation
toute modification doit impérativement être reportée sur le
P&ID
afin de lui conserver son label "tel que construit".
Ce que doit contenir impérativement un P&ID:
- tous les équipements y compris les rechanges installées et
les équipements fonctionnant en parallèle
- toutes les tuyauteries des fluides du procédé et leurs
connexions dans un ordonnancement fidèle à la réalité
-
le repère de chaque tuyauterie avec l'indication de son diamètre et la
classe à laquelle elle appartient si des classes ont été définies
- la position exacte des changements de classe de tuyauterie
- tous les raccordements aux fluides utilité
-
tous les accessoires de tuyauterie présents (vannes, clapets, soupapes,
organes de mesure, bouchons, brides pleines, ...), dans la position par
rapport aux autres éléments et aux connexions, strictement conforme à
la réalité.
-
toutes les boucles de régulation et tous les automatismes, avec leur
repère conforme à leur désignation dans le système de conduite,
éventuellement représentés de manière simplifiée
Ce qu'il peut être utile de trouver sur un P&ID:
-
les caractéristiques principales des équipements principaux (volume,
conditions de calcul, matériau de construction, ...)
- l'élévation des équipements
Ce qu'il n'est pas recommandé de représenter
- les élévations relatives des équipements les uns par
rapport aux autres
- les longueurs et les cheminements des tuyauteries
- les réseaux de fluide utilité qui feront l'objet de
P&ID dédiés
- les tubes de liaison des instruments
- les voyants, boutons poussoir, avertisseurs sonores, sauf
s'ils sont importants pour la sécurité
Ce
qu'il est proscrit de faire:
-
représenter un même et unique élément sur deux schémas différents, afin
d'éviter qu'une future mise à jour partielle et incomplète ne conduise
à deux représentations différentes de cet élément.
Le
Plan d'Implantation
Aussi nommé
Plot Plan
en anglais.
C'est
principalement une vue de dessus de l'installation, montrant
la position exacte des équipements dans l'installation ainsi
que
la position des voies de circulation, ...
Le plan de d'implantation
peut incorporer les cheminements des tuyauteries principales ou
importantes. En effet, les tuyauteries allant d'un équipement à un
autre suivent rarement un cheminement direct. Elles suivent des chemins
spécialement aménagés et regroupant de nombreuses tuyauteries, doivent
faire des détours pour contourner un équipement, un bâtiment, une
route, .... Les calculs hydrauliques sont grandement facilités si le
cheminement des tuyauteries est représenté.
Le plan
en élévation
Forme
avec le plan d'implantation les deux représentations en deux dimensions
permettant de positionner les équipements dans l'installation.
Les
outils informatisés actuels permettent de réaliser des maquettes en
trois dimensions permettant d'automatiser certaines étapes de
conception. Cependant les représentations en deux dimensions,
imprimables sur une feuille de papier, restent souvent plus aisées à
utiliser au quotidien.
Les plans orthogonaux
La représentation orthogonale est la représentation classique du dessin
technique:
- les éléments sont représentés sous différentes vues
orthogonales (de face, de dessus, de gauche, ...)
- représentés à l'échelle
- c'est la seule façon de définir le positionnement exact en
tenant compte des dimensions réelles
- nécessaires pour le positionnement des équipements comme
pour le passage des tuyauteries dans les nappes, ...
Les logiciels de dessin en 3D permettent d'accélérer la production de
ces plans
Les
Plans Isométriques
C'est
une représentation en perspective de l'installation.
Les plans orthogonaux sont précis, mais difficiles à lire pour les non
techniciens. La représentation d'un élément nécessite souvent plusieurs
plans (vues différentes) et un effort d'imagination de la part du
lecteur pour se représenter la réalité. Les plans isométriques
par contre permettent de visualiser immédiatement sur un seul plan une
représentation approchée mais souvent suffisante de la réalité. C'est
pourquoi cette représentation est particulièrement appréciée pour donner une vue
d'ensemble ou illustrer une notice ou une procédure.
On distingue:
- les plan isométriques de situation pour illustrer un propos
- les plans isométriques de construction destinées au
tuyauteur qui réalisera l'installation
Les plans isométriques, pour être correctement interprétés, nécessitent
des conventions de
représentation:
- les trois axes de l'espace sont représentés par trois axes
sur le plan, formant des angles de 60 degrés entre eux; un papier spécial comportant
une grille formant des triangles isocèles est souvent utilisée pour
faciliter le traçage.
- les tuyauteries sont représentés par un seul trait
(représentation unifilaire)
- les plans isométriques, contrairement aux plans orthogonaux
ne sont pas réalisés à l'échelle; pour conserver une bonne lisibilité,
les éléments peuvent être légèrement déplacés pour éviter des
chavauchements, des croisements inopportuns, ....
- les isométriques de construction sont entièrement cotés
pour permettre au tuyauteur de positionner correctement les éléments.
Si on ne dispose pas de papier adapté, on peut utiliser une grille
orthogonale (papier à carreaux) et tracer les axes nord-sud et
est-ouest en joignant les angles d'un rectangle 2:1. Ces axes formeront
alors des angles de 53 degrés entre eux, et 63 degrés avec l'axe
haut-bas (au lieu de 60 degrés). En toute rigueur le plan ne sera
plus isométrique (les angles formés par les axes ne sont plus identiques), mais plutôt
dimétrique. Cependant, on continuera de le qualifier d'isométrique pour être bien compris.
Les isométriques de construction
Ils ne
représentent qu'une portion
restreinte de tuyauterie, mais avec de très nombreux détails (soudures,
supports, ...). Le format (A4 ou A3, jamais plus grand) est adapté à
une lecture sur le chantier. Une liaison entre deux équipements fait
généralement l'objet de plusieurs isométriques, avec sur chacun
l'indication de l'isométrique décrivant la suite du circuit. Le
fractionnement des isométriques correspond aussi au mode de fabrication
des tuyauteries. La préfabrication en atelier, de tronçons de taille
limitée par les possibilités de transport est une méthode très
courante; les isométriques de construction sont adaptés au mode de
fabrication.
Les plans isométriques de situation
Ils représentent un nombre restreint de tuyauteries, mais sur une
longueur importante et ne comportent que les détails nécessaires à leur
usage (principalement les vannes).
Pour
faciliter une compréhension de l'ensemble, les équipements sont souvent
représentés ou symbolisés, ainsi que les échelles et les plateformes
d'accès.
Les
normes de représentation
Une norme internationale, ISO 10628, est dédiée aux
Schémas
de procédé pour l’industrie chimique et pétrochimique. Elle
se décline en deux parties:
- ISO 10628-1: Spécification des schémas de procédé
- ISO 10628-2: Symboles graphiques
La
norme américaine ISA 5.1 est dédiée à la représentation des
équipements et fonctions d'instrimentation (mesures, logiques
fonctionelles, ...).
Sans être équivalente, la norme française NF E 04 203, maintenant
annulée, était consacrée aux mêmes représentations.