Coups de bélier
Sommaire de la page:
- Coups de bélier d'origine mécanique
- Arrêt d’une pompe
- Démarrage d’une pompe
- Fermeture d'une vanne de sectionnement
- Accumulation de condensats de vapeur
- Conséquences de la fermeture d'une vanne
- Pression maximale
- Effet de la rigidité de la tuyauterie
- Prévention des coups de bélier
- Protections contre la surpression
- Coups de Bélier d'origine thermique
- Mise en présence de liquide froid et d'une vapeur condensable
Voir aussi ...
Les coups de bélier (water hammer en
anglais) sont
des chocs
apparaissant dans les canalisations lors de certaines phases
opératoires.
Un coup de bélier est une onde de pression apparaissant à la
suite d’un mouvement brusque de liquide et se propageant le long d’une
canalisation. Cette onde provoque localement une surpression, des
bruits violents, des mouvements de
la canalisation pouvant conduire à des ruptures.
Les causes peuvent être multiples, mais on peut les classer en deux catégories:
- les coups de bélier d'origine mécanique: ils sont dûs à la décélération brusque d'un flux liquide dans une tuyauterie suite par exemple à la fermeture rapide d'une vanne de sectionnement, ou à l'arrêt d'une pompe
- les coups de bélier d'origine thermique: ils apparaissent lors de la mise en contact d'un liquide froid avec un gaz ou une vapeur capable de se condenser rapidement dans le liquide. La disparition du volume gazeux provoque une aspiration brutale du liquide qui est ainsi violemment mis en mouvement et brutalement stoppé par une paroi, un coude ou tout autre obstacle.
Coups de bélier d'origine mécanique
Arrêt d’une pompe
Lors de l'arrêt d'une pompe la masse de liquide dans la tuyauterie de refoulement ne s’arrête pas instantanément, en raison de l'énergie cinétique acquise. Il se crée un vide à l’arrière de la colonne de liquide. Le vide créé peut même provoquer la vaporisation du liquide créant un volume gazeux à l’arrière de la colonne de liquide. Lorsque la colonne de liquide s’est enfin arrêtée, le vide provoque un rappel du liquide dans le sens inverse. Celui-ci vient buter sur le clapet de refoulement de la pompe. L’énergie de la colonne de liquide est ainsi dissipée en un choc violent.Démarrage d’une pompe
Lors du démarrage d’une pompe, la colonne de liquide dans les tuyauteries, à l’aspiration comme au refoulement, doit être accélérée à la vitesse de pointe et donc requiert un surcroît de pression qui est souvent un ordre de grandeur au dessus de la contre-pression. Celui-ci dépend de la masse qui doit être accélérée, de la vitesse maximum à atteindre et du temps pris par la pompe pour atteindre son régime normal.Fermeture d'une vanne de sectionnement
Initialement le liquide s'écoule avec une vitesse uniforme dans la tuyauterie. Une vanne est fermée brusquement à l'extrémité de la tuyauterie qui stoppe instantanément le liquide au voisinage de celle-ci. L'inertie du liquide provoque son accumulation et comme il est peu compressible, la pression augmente en amont de la vanne. L'accumulation progressive de liquide génère une onde de pression qui remonte la tuyauterie à une vitesse qui peut atteindre 1000m/sec. Si un réservoir est présent en amont, la surpression présente dans la tuyauterie générera un débit inverse qui provoquera une nouvelle onde de pression, négative cette fois en amont de la vanne toujours fermée.Accumulation de condensats de vapeur

Conséquences de la fermeture d'une vanne
Le liquide s'écoulant dans une tuyauterie avec une certaine vitesse possède une certaine énergie cinétique. Lors de la fermeture brutale d'une vanne, le liquide tend à poursuivre son mouvement d'écoulement sous l'effet de son inertie. La sortie du liquide étant impossible, le liquide tend à s'accumuler en amont de la vanne fermée. Le volume disponible de la tuyauterie étant fixe, la pression augmente en amont de la vanne. Cette augmentation de pression n'est pas instantannée tout au long de la tuyauterie. Elle est concentrée d'abord près de la vanne, mais concerne une longueur de tuyauterie de plus en plus grande avec l'accumulation de liquide. Un front de surpression progresse ainsi vers l'amont jusqu'à l'origine de l'écoulement. Par la suite, le liquide accumulé dans la tuyauterie et ayant atteint une pression supérieure à la pression d'équilibre s'écoule en sens inverse. Cet écoulement inverse provoque une dépression en amont de la vanne toujours fermée, qui sera le moteur d'un nouveau flux de liquide vers la vanne. Un processus oscillatoire se met en place avec une alternance de surpressions et de dépressions en amont de la vanne fermée.Déroulement d'un coup de bélier suite à la fermeture d'une vanne
Dans son état initial un liquide est en écoulement dans une tuyauterie. La pression est sensiblement constante (la perte de charge est ici négligée). | ![]() |
La
vanne en bout de la tuyauterie est fermée rapidement. Le liquide en
écoulement, ayant une certaine vitesse, possède une énergie cinétique
qui le propulse vers l'extrémité obturée de la tuyauterie. Le liquide
étant peu compressible et la tuyauterie étant peu élastique, la
pression augmente rapidement dans le tronçon de tuyauterie recevant cet
excès de volume. Un front de pression se forme, se déplaçant vers l'amont à une vitesse qui dépend de l'énergie cinétique du liquide, et des propriétés mécaniques du liquide et de la tuyauterie. |
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Lorsque le front de pression atteint l'origine de la tuyauterie, à l'endroit où la vitesse du fluide est nulle, il cesse de progresser. | ![]() |
Le liquide accumulé dans la tuyauterie, à une pression supérieure, commence à refluer vers l'amont. Un nouveau front de pression apparait, se déplaçant vers l'aval. | ![]() |
Après l'évacuation de la totalité de l'excès de liquide, la tuyauterie retrouve sa pression d'équilibre avec le réseau d'alimentation.Cependant le liquide en mouvement a acquis une énergie cinétique qui maintient le mouvement de reflux. | ![]() |
Le mouvement de reflux continuant grâce à l'énergie cinétique acquise, un front de dépression se développe en arrière de l'écoulement de liquide. | ![]() |
Lorsque l'écoulement cesse, la tuyauterie est à une pression inférieure à celle du réseau qui l'alimente. Elle peut donc être de nouveau remplie de liquide. | ![]() |
Le remplissage de la tuyauterie s'accompagne d'un rétablissement de la pression d'équilibre avec le réseau qui l'alimente. Un front de pression apparait, se déplaçant vers l'aval. | ![]() |
Bien
que la pression de la tuyauterie ait atteint un état d'équilibre avec
le réseau qui l'alimente, le liquide continue son mouvement sous
l'effet de l'énergie cinétique acquise. Le système se retrouve dans la même situation qu'immédiatement après la fermeture de la vanne. Ce cycle peut ainsi être reproduit à l'infini. |
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Pression maximale
Une variation brusque de la vitesse du liquide dans une canalisation entraîne une brusque variation de pression. Par exemple, la fermeture rapide d'une vanne provoquera un pic de pression qui peut dépasser la limite admissible par certains éléments de la canalisation.

Relation de Michaud (interruption progressive)

ΔP: variation de pression (Pa)
L: longueur de la tuyauterie (m)
D: diamètre de la tuyauterie (m)
U0: vitesse initiale du fluide (m/sec)
ρ: masse volumique du fluide (kg/m3)
c: vitesse de propagation du front de pression (m/sec)
ρ: masse volumique du fluide (kg/m3)
La
valeur maximum de pression atteinte dépend de la nature du liquide, de
sa vitesse initiale avant la perturbation
et des caractéristiques de la tuyauterie. Elle peut être
calculée
par
l'équation de Joukowsky. Elle fait appel à la vitesse de propagation de
l'onde de pression dans l'ensemble fluide et tuyauterie. Dans le fluide
seul, elle est égale à la vitesse du son dans ce milieu.
Effet de la rigidité de la tuyauterie

La tuyauterie elle-même joue un rôle important dans cette propagation. La flexibilité de la paroi intervient pour modifier la vitesse de propagation de l'onde. Plus la tuyauterie sera flexible plus lente sera la propagation. La vitesse de propagation de l'onde peut être calculée par l'équation de Korteweg, et fait intervenir les modules d'élasticité du fluide et du matériau constitutif de la paroi de la tuyauterie, ainsi que le diamètre du tuyau et l'épaisseur de sa paroi.
Moins le matériau sera flexible (module d'élasticité plus élevé), plus la tuyauterie sera rigide.
La rigidité de la tuyauterie augmente pour un diamètre plus faible et une épaisseur plus grande.
Module
d'élasticité des
liquides [GPa, 109N/m2] |
|
Acétone | 0,92 |
Tétra chlorure de carbone | 1,32 |
Alcool éthylique | 1,06 |
Essence | 1,3 |
Glycérine | 4,35 |
Mercure | 28,5 |
Huile de paraffine | 1,66 |
Huile lubrifiante | 1,5 |
Eau de mer | 2,34 |
Eau douce | 2,15 |
Module d'élasticité [GPa] |
c [m/sec] |
|
Acier | 200 | 1000 - 1300 |
Cuivre | 100 | 800 - 1300 |
Fonte | 150 | 900 - 1300 |
Verre | 70 | 700 - 1200 |
Béton | 20 - 50 | 500 - 1000 |
Polyéthylène | 0,2 - 0,7 | 70 - 200 |
PVC | 3 | 150 - 500 |
Polyamide | 0,9 -1,2 | 100 - 300 |
Prévention des coups de bélier
La surpression générée par l'interruption du débit dépend de la vitesse initiale du fluide et de la vitesse de décroissance.Volant d’inertie sur la pompe
qui augmente les temps de démarrage et d'arrêt.Vitesse de fermeture du clapet anti-retour
Au refoulement d'une pompe, suite à son arrêt, une fermeture rapide du clapet anti-retour empêchera le mouvement inverse du liquide; une fermeture lente limitera le développement d'une surpression si le retour inverse du liquide est inévitable. Le choix entre ces deux options sera fonction de la configuration du système.Contrôle de la vitesse de manoeuvre des vannes
La décroissance du débit peut être ralentie en ralentissant la manoeuvre de la vanne. La relation de Michaud permet d'en évaluer l'effet. Cette relation suppose une décroissance linéaire de la vitesse. Cependant l'évolution du débit en fonction du mouvement de la vanne n'est généralement pas linéaire. Par exemple la fermeture d'une vanne papillon fait passer le débit de 90 à 10% pour une ouverture de 65 à 15%. La diminution de débit est donc environ deux fois plus rapide (de 9 à 1) que le mouvement lui-même (de 4,3 à 1).Protections contre la surpression
Accumulateur
C'est un ballon dont la partie inférieure contient du liquide et la partie supérieure est remplie d'un gaz éventuellement isolé du liquide par une membrane. En cas de dépression dans la tuyauterie, le liquide de l'accumulateur s'écoule tandis qu'en cas de surpression le ballon se rempli.Chambre ou cheminée d’équilibre
Récipients ouverts à l'atmosphère et disposés en hauteur.Réservoir d'alimentation
Un réservoir est disposé en hauteur et relié à la tuyauterie à protéger au travers d'une vanne. Celle-ci ne s'ouvre que si la pression dans la tuyauterie chute. Le réservoir est rempli par un by-pass de la vanne d'isolement.Entrée d’air par ventouse
Lorsqu'une dépression se produit la ventouse permet l'entrée d'air extérieur pour empêcher le collapse de la tuyauterie. La ventouse peut aussi jouer le rôle purgeur pour évacuer une poche d'air.Soupape de décharge
Elle dérive le liquide hors de la conduite principale en cas de surpression.Coups de Bélier d'origine thermique
Mise en présence de liquide froid et d'une vapeur condensable

Une tuyauterie partiellement remplie d'un liquide froid, et connectée à un réseau ou un équipement contenant une vapeur condensable, permet le contact entre liquide et gaz à l'intérieur de la tuyauterie
1- Au contact du liquide froid, la vapeur se condense en cédant sa chaleur. Cette condensation induit un courant gazeux provenant du réseau aval. Ce gaz, à contre courant du liquide, crée une vague
2- Cette vague liquide peut dans certaines circonstance occuper toute la section de passage de la tuyauterie, isolant une poche de vapeur
3- Cette poche de vapeur, en se condensant entraine dans un mouvement très rapide, ses parois liquides l'une contre l'autre
4- Le choc violent des masses liquides les unes contre les autres, provoque une onde de pression qui se propage le long de la tuyauterie
Ce phénomène assez fréquent dans les réseaux de vapeur et de condensats, peut également se rencontrer dans des circuits procédé tels que l'alimentation d'une colonne de distillation.
Il ne peut se produire que dans des éléments de tuyauterie proches de l'horizontale. Il passe par la formation d'une poche de vapeur. Ceci-ci n'est pas possible dans une tuyauterie verticale, la gravité permettant de maintenir parfaitement séparés liquide et vapeur. La formation d'une poche de vapeur semble n'être possible que pour des inclinaisons inférieures à 4%.
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